Ballade Viennoise
L’amoureux de l’amour veut vivre aussi ses maux
Seule la passion qui trouve son abîme sait embrasser son être jusqu’au fond
Seul qui se perd entier est donné à lui-même
Car au lieu seul où agit le secret, commence aussi la vie.
Au bord de la rivière Piedra, les secondes s'écoulent
Sur leurs joues ses yeux doucement s'égouttent
- N'ayez nulle honte de l’ombre que dessine autour de vous la peine !
Les sentiments s'épanchent quand les âmes sont pleines
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l’heure passé.
- Te souvient-il de notre extase ancienne ?
- Pourquoi voulez-vous qu’il m’en souvienne ?
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres cherchent leur passé.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Et dans un frisson, il perçut soudain, effrayé, le sens de cette révélation .
Paroles prémonitoires, n'étaient-ils pas eux-mêmes ces ombres ?
Qui cherchaient leur passé par de sourdes questions.
A un autrefois qui n'existait plus, des ombres;
Qui voulaient devenir vivantes et n'y parvenaient plus.
L’amoureux de l’amour aime aussi ses maux
Seule la passion qui trouve son abîme sait embraser son être jusqu’au fond
Alors, prends feu ! Seulement si tu t’enflammes,
Prends garde du monde au plus profond de toi !
8 vendémiaire de l'an 233
-Adrien BERTRAND